Moi je lèche des vitrines.

J’en lèche beaucoup. Beaucoup plus que j’en mange en fait.

Mais des fois, quand j’ai de l’argent, juste un peu, j’en avale des vitrines. Pas capable de résister, je compulsive pis je boulimique de vitrines. J’y goûte même pas avant, j’les essaye même pas avant. Je les avale sans les regarder, trop besoin de dépenser… J’en avale jusqu’à ce que ça soit bourré comme une poubelle de couches trop pleines, prête à exploser. Pis après ça, je vomis des cardigans pis des écharpes de toutes les couleurs. Ça sort en jets pis en tricots. Ça se mélange à la bile pis au polyester. Je vomis des gros tas de vêtements chauds qui finissent par se ramasser dans des sacs à poubelles dans le fond de la garde-robe après une couple de semaines. Je remplis des camions de vidanges de linge pas porté, je fournis tous les pauvres de la ville en vêtements griffés…. Non… Pas vrai, pas griffés… Beaux, mais pas griffés, trop cheap pour m’offrir du griffé… La ville au complet porte les vêtements que j’ai portés pis que j’ai payés. Je suis à l’avant-garde du cheap, vous paradez mes collections des saisons passées.

J’ai toujours aimé la mode. La mode cheap. Je suis un genre de carte de mode cheap. Mon fils aussi, mais en plus petit. Bon cheap, bon genre.

Le truc, c’est de le porter comme si ça valait ben ben cher pis que vous aviez loadé votre carte de crédit pour l’acheter (mais, au fond, les créanciers sont à vos trousses pis vous harcèlent de lettres que vous avez pas le temps d’ouvrir facque vous déclarez faillite comme CPC).

Mais ça les gens qui vous regardent marcher, qui vous regardent parader, qui admirent votre style et votre bon goût, ils ont pas besoin de le savoir. Anyway, vous les hypnotisez par votre fierté et votre transpirez de « haute couture »…